Il faut reconnaître que depuis janvier 2011, Tunisie Télécom a dû faire face à une grève qui a duré 2 mois et qui a ébranlé sa clientèle, et par ricochet miné le crédit de confiance qu’elle avait. Des chiffres font état de 2 millions de clients perdus rien que sur le marché du mobile au profit des autres opérateurs télécoms.
Mais dans ce présent papier notre interrogation est simple: pourquoi ce manque d’ambition “internationale” de l’opérateur national? En effet, on ne peut s’empêcher de constater que Maroc Telecom, à titre d exemple, est présent dans plusieurs pays africains (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Gabon…). Selon certains analystes, cette présence a permis à plusieurs entreprises marocaines dans le secteur des TIC de se développer, particulièrement les SSII, les éditeurs de logiciels et intégrateurs, les sociétés de déploiements de réseaux, les fabricants de pylônes, de câbles et d’équipements électriques et transfos, qui ont prospéré dans les pays où s’est implémenté Maroc Telecom. Ce qui a engendré le développement de l’exportation des biens et services TIC, et donc l’accroissement de l’investissement et la création d’emplois.
D’aucuns estiment également que, contrairement à la Tunisie, le Maroc disposerait, dans le secteur des télécoms, d’une vision plus globale assurant, via l’opérateur, une pénétration des marchés à l’ensemble de ses partenaires. Cette opération commerciale est complétée par des banques telles qu’Attijari bank et la BMCE présentes elles aussi dans plusieurs pays africains via des filiales, qui ajoutent les financements et les couvertures nécessaires pour les opérations d’exportation en Afrique.
Idem également en termes de démarche structurée chez France Telecom, sans oublier les Indiens de BARARTY ou les sud-africains via MTN, qui sont tous des canaux de développement sur les marchés africains.
Aujourd’hui, on ne peut que regretter ce repli à l’international de Tunisie Télécom qui intervient dans le contexte où partout en Afrique les opérateurs dans ce secteur se déploient sur plusieurs pays. Et ce repli est d’autant plus incompréhensible -pour nous profanes- qu’il nous semble que l’opérateur national regorge de compétences avérées.
Mais plus grave encore, et d’après plusieurs experts, un operateur isolé et cantonné à un seul pays risque de ne plus être viable dans deux ans, c’est-à-dire à l’horizon 2014. En effet, et toujours selon des analystes, on assiste à la mise en place des stratégies de groupe, avec une présence régionale sur 4 à 5 pays, et ce en offrant une tarification commune sans frais de roaming. Ainsi, un client de Maroc Telecom à titre d’exemple -encore lui- n’est plus considéré comme un roamer entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. Ce qui veut dire qu’un client d’un opérateur présent dans un seul pays est handicapé en cas de voyage et de déplacement.
Donc, on comprend très mal les raisons qui poussent Tunisie Télécom à vouloir se débarrasser de sa filiale mauritanienne, surtout que cette dernière aurait été, entre 2005 et 2010, aux dires de certains, le premier opérateur mobile dans ce pays avec plus de 1 million de clients, avant de reculer à la troisième position, derrière Mauritel (filiale de Maroc Telecom) et Chinguitti Tel (filiale de Telecom Soudan).
Par ailleurs, certains estiment également qu’il y a une carte à jouer pour Tunisie Télécom en cas de synergie entre la Libye et l’Algérie, et ce pour récupérer d’un coup 4 millions de clients roameurs. On sait que France Telecm est très active en Libye et serait même sur le point de signer un accord avec un operateur libyen. Dans ce cas, les clients tunisiens d’Orange Tunisie auront une tarification avantageuse en cas de voyage en Libye; et idem pour les 2 millions de visiteurs libyens en Tunisie, qui feraient plutôt le choix de Tunisiana actuellement. Aux dépens, bien entendu, des deux autres opérateurs.
Alors, en décidant de liquider Mattel, de Tunisie Télécom ne prend-il pas risque d’hypothéquer, quelque peu, son avenir, alors que nos compétiteurs maghrébins cherchent à se déployer sur l’Afrique, à y exporter et à y gagner des parts de marché surtout dans un secteur prometteur et dynamique que sont les télécoms et les TIC?
Ceci étant, on ne doit pas non plus oublier que notre opérateur national fait face à une concurrence rude sur son marché domestique. Sans également oublier que l’entreprise, aux dires des sources au sein de Tunisie Télécom, perdait de l’argent. A toutes ces raisons et bien d’autres, notamment les problèmes sociaux auxquels elle dû affronter il y a quelques mois… D’ailleurs, un expert estime nécessaire voire impératif pour Tunisie Télécom de se repositionner et de se solidifier sur le marché tunisien pour quelque temps encore, et une fois cela fait, le groupe pourra par la suite mettre en place une stratégie d’internationalisation. Toujours selon notre interlocuteur, Tunisie Télécom, techniquement et technologiquement, ne manque pas de compétences à même de lui permettre d’atteindre cet objectif.
Est-ce que le nouveau gouvernement va accepter et valider la cession de Mattel à Orange comme l’ont relaté certains médias, en Tunisie mais aussi en Mauritanie?
En tout cas, les avis sont partagés, d’aucuns estimant qu’il est préférable d’avoir les pieds bien solides chez soi, d’autres faisant valoir la nécessité pour toute entreprise digne de ce nom de se s’essayer dans les eaux internationales, fussent-elles troubles.
Source: webmanagercenter.com