L’avis a été publié hier par le ministère des Finances sous la forme d’un placard publicitaire, en langues française et anglaise, dans le journal gouvernemental El Moudjahid. Il s’agira donc pour le cabinet d’expertise, dont la candidature sera retenue, de trouver les moyens légaux dont dispose l’Etat afin de faire valoir son droit de préemption et ainsi procéder au rachat de Djezzy, aujourd’hui propriété du russe Vimpelcom. Le cas échéant, l’expert choisi aura la charge d’effectuer l’ensemble des démarches que nécessite cette opération. Cette amorce de procédure sonne comme une riposte aux menaces de poursuites judiciaires brandies par le CEO Alexander Izosimov. En cas d’intransigeance de ce dernier, quant au prix de la filiale algérienne d’Orascom, estimé à 7,8 milliards de dollars, le cabinet d’experts aura la charge de défendre au mieux les intérêts nationaux devant les instances d’arbitrage internationales. Ainsi, le gouvernement vient de lancer la procédure qui consiste à désigner «un professionnel» qui va démarcher pour lui afin de ramener dans le giron de l’Etat l’opérateur Djezzy.
Les soumissionnaires, après avoir retiré le cahier des charges, auront jusqu’à la matinée du 24 novembre prochain pour déposer leur dossier. Quant à l’ouverture des plis, elle s’effectuera quelques heures plus tard, soit le 24 à partir de 13h30, au siège du ministère des Finances. Cette annonce, on ne peut plus formelle, constitue, à plusieurs égards, une première. Car à l’exception de déclarations et autres sorties médiatiques formulées çà et là par différents ministres et commis d’Etat, cet appel d’offres représente la première notification officielle de la ferme volonté de l’Etat de se réapproprier Djezzy.
«Jamais, même au plus fort des crises successives qu’ont connues les deux parties, les responsables d’Orascom Telecom Holding n’ont été destinataires d’un écrit ou d’un engagement officiel quant à l’intention de l’Etat de racheter OTA», affirme une source proche du dossier. Interrogé à ce sujet, un responsable de Djezzy a pour toute réponse : «Sans commentaire !»
Ainsi, alors que les Russes, à plus forte raison les Egyptiens, enchaînent les déclarations et les sorties médiatiques quant au dossier Djezzy, du côté algérien, c’est le silence assourdissant. Pourtant, les questions sont légion. «Il y a des consignes claires. Il a été ordonné à l’ensemble des parties incluses dans ce secteur de ne communiquer sous aucun prétexte», affirme, sous le sceau de l’anonymat, une source proche du dossier.
«Chefferie du gouvernement, ministère des Finances, ministère des Postes et des Télécommunications ou encore ARPT, tous prônent et appliquent l’omerta quant à cet épineux sujet», ajoute celle-ci. Cette stratégie volontaire de non-communication traduit-elle un quelconque revirement ou embarras concernant la position adoptée par le gouvernement ? «Non. Il est vrai que l’heure est aux tractations, aux consultations et à la réflexion. Mais le Premier ministre est inébranlable relativement à cette question», avance-t-on.
«Le rachat des actifs d’OTA est toujours l’unique issue envisagée en haut lieu.»
Toutefois, le différend qui oppose les deux contractants demeure le prix de vente de Djezzy. «L’Etat estime que sa valeur n’excède pas les 3,5 milliards de dollars. Raison pour laquelle il a rejeté en bloc l’opération d’évaluation de l’entreprise. Le barème de calcul utilisé à l’international et par les Algériens n’est pas similaire», analyse un expert en télécoms. «Lorsque les uns comptent le coût de l’action en elle-même et se basent sur sa valeur brute, les autres évaluent et prennent en considération d’autres éléments internes et externes, ainsi que les perspectives d’expansion», poursuit l’expert en télécommunications. Ce qui n’est pas fait pour faciliter les choses, surtout lorsqu’on sait que le gouvernement argue mordicus que les lois algériennes ont la primauté sur toute considération de finance ou de commerce international.
Wait and see…
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