Apeine achevée sa restructuration, Wendel repart en quête d’investissements alternatifs. Par un chemin plutôt détourné. Le holding d’investissement coté va devenir le premier actionnaire d’IHS en acquérant plus de 25 % du capital du premier gestionnaire et constructeur indépendant de tours de télécommunications en Afrique.
L’opération va se faire via Orange Nassau, le véhicule de Wendel chargé d’investir dans des entreprises plus diversifiées et un peu plus risquées que son coeur de cible. Le holding d’investissement coté investit 125 millions de dollars dans l’entreprise, à même hauteur environ que ses quatre partenaires internationaux : Emerging Capital Partners, l’un des premiers acteurs du capital-investissement en Afrique avec plus de 50 investissements réalisés depuis 1997, qui a introduit Wendel dans l’opération, la banque spécialisée sud-africaine Investec, la Banque mondiale, ainsi que FMO, la banque de développement des Pays-Bas.
Au total, cet accord régi par le droit britannique va soutenir l’activité au Nigeria mais il va aussi permettre de financer pour 284 millions de dollars l’acquisition auprès du premier opérateur mobile du continent MTN de 931 tours en Côte d’Ivoire et de 827 tours au Cameroun. IHS totalisera ainsi 5.700 tours dans cinq pays, avec le Ghana et le Soudan.
Modèle très rentable
« C’est un secteur très dynamique où les opérateurs télécoms cherchent à se concentrer sur les services aux usagers, se désengagent des infrastructures et où, à la différence de l’Hexagone, les coûts peuvent être mutualisés entre plusieurs opérateurs », explique Frédéric Lemoine. IHS ne se trouve pas sous la dépendance d’un seul client, comme MTN, mais héberge également Bharti, le premier opérateur de téléphonie en Inde, très présent en Afrique ou encore l’opérateur émirati Etisalat. « L’attrait d’IHS consiste en son modèle de colocation des tours aux opérateurs, ce qui le rend très rentable », poursuit le dirigeant.
La société est rentable avec 25 millions de dollars de résultat opérationnel pour un chiffre d’affaires de 97,5 millions. Frédéric Lemoine reconnaît que le prix est élevé, à 14 fois le résultat d’exploitation, « mais IHS est en très forte croissance avec 25 millions de résultat d’exploitation attendus cette année et les grandes sociétés de tours télécoms sont valorisées en général plus haut, à hauteur de 20 fois leur résultat opérationnel ». Quant aux risques politiques ou environnementaux, Wendel se repose entre autres sur l’expertise de la Banque mondiale, qui mène des audits approfondis.
A. DR.
Source: lesechos.fr